Une année de transition

Le président du Conseil d’administration Stéphane Coppey et le directeur général Daniel Baillifard dressent le bilan d’une année 2024 qui a permis de poser les jalons d’importants chantiers. Satom a également renforcé ses partenariats dans la région chablaisienne et en Suisse romande.

Quels ont été les principaux projets en 2024?

Daniel Baillifard (DB): Je considère 2024 comme une année de transition. L’année 2025 verra de nouveaux chantiers débuter ou se poursuivre. Nous nous sommes donc concentrés sur les demandes d’autorisation de construire et la planification des travaux de génie civil. Un événement notable, en lien avec le fonctionnement de l’usine, reste le remplacement et la remise en service de notre turbine à vapeur en février 2024. Nous tenons d’ailleurs à renouveler nos remerciements à nos équipes et aux entreprises engagées pour leur travail et leur efficacité!

Stéphane Coppey (SC): Effectivement, nous pouvons résumer 2024 comme une année d’étude. Les résultats sont encore peu visibles et c’est normal, puisqu’il faut planifier les chantiers. À titre d’exemple, le projet Thermorezo est arrivé à maturité dans les années 2011-2012. Pourtant, c’est seulement depuis quelques années que les citoyens de Monthey et de Collombey-Muraz ont commencé à bénéficier du réseau de chauffage à distance (CAD).

Quelles ont été vos sources de satisfaction?

DB: Nous avons à cœur de développer des solutions pour gérer efficacement l’énergie générée par la valorisation thermique des déchets. Celle-ci est utilisée pour la production d’électricité pour 25’000 foyers, pour la fourniture de vapeur au site chimique voisin et pour l’alimentation du réseau de chauffage à distance, qui alimente à ce jour environ 570 bâtiments. Nous allons entreprendre la construction d’un nouveau réseau de chauffage à distance qui s’étendra jusqu’à Aigle, pour lequel un investissement de 150 millions de francs est projeté sur les 15 prochaines années. Nous avons travaillé ces dernières années sur les phases d’avant-projet pour déposer les demandes d’autorisation de construire auprès de la commune de Collombey-Muraz et des cantons de Vaud et du Valais concernant la liaison entre Satom et la STEP d’Aigle. Tous les feux verts nous ont été donnés durant le dernier semestre 2024, un signe encourageant!

SC: 2025 est une année qui va sensiblement marquer Satom SA, et ce, pour plusieurs générations. Thermorezo est un outil performant pour acheminer la chaleur dans les ménages, et les autorités nous témoignent leur confiance en nous octroyant les permis nécessaires. Nous continuons en parallèle à investir pour doter le site de Monthey d’infrastructures modernes. Nous avons finalisé en 2024 le processus d’échange de terrains avec la Ville de Monthey, afin d’y construire le bâtiment du projet Lavacid. Cette infrastructure s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire grâce à la récupération innovante des métaux contenus dans les cendres volantes. Les échanges de terrains permettront également à Satom de construire, dans la rue des Saphirs à Monthey, une chaufferie redondante, totalement indépendante, pour fiabiliser l’alimentation du réseau de chauffage à distance de la commune.

«Nous avons un engagement auprès des collectivités publiques, celui de leur fournir une énergie décarbonée, consommée localement.»

Stéphane Coppey
Président du Conseil d’administration

Quels sont les défis qui vous attendent?

DB: Nous devons sécuriser nos installations de production actuelles, qui datent et arriveront pour certaines en fin de vie d’ici quelques années. De nombreux nouveaux risques apparaissent et doivent être gérés rapidement (par ex. les risques d’incendie liés aux batteries jetées dans les ordures, qui provoquent des départs de feu). Notre personnel doit s’y adapter, se former, et mettre en place de nouvelles technologies. En parallèle, il faut lancer les études pour le renouvellement de nos installations, des démarches longues et complexes. Elles se concrétiseront en projets concrets dans les cinq à dix prochaines années. Cela représente des investissements très importants. Le défi consiste donc à assurer l’exploitation des installations actuelles, tout en les sécurisant et en initiant les projets qui garantiront l’avenir de l’entreprise.

Un autre tout grand défi qui se généralise au niveau de la Suisse romande: trouver urgemment des capacités de mise en décharge des mâchefers ou, à défaut, autoriser l’exportation de ces résidus en procédant à une modification du cadre réglementaire au niveau fédéral.

SC: Je rejoins Daniel. Nous avons un engagement auprès des collectivités publiques, celui de leur fournir une énergie décarbonée, consommée localement. Nos collaborateurs sont motivés par ce défi et on ne pourrait rien accomplir sans eux. En une décennie, Satom SA est devenue une des principales actrices de la transition énergétique dans la région chablaisienne. Je sens que nos équipes sont fières d’œuvrer au sein d’une entreprise qui s’engage pour l’avenir.

Et qu’en est-il des partenariats avec d’autres entités ?

SC: Il existe une collaboration naturelle avec les autres usines de valorisation thermique. Une concrétisation de cette collaboration est la création de la société GastroVert SA, un partenariat entre Satom SA, Saidef SA à Posieux et enevi à Uvrier. Notre proximité avec le site chimique de Monthey facilite aussi les synergies. Monthey est une ville industrielle qui possède une dynamique entrepreneuriale.

DB: Effectivement, nous collaborons beaucoup avec de nombreuses usines en Suisse, principalement avec les usines voisines romandes. Des partages et échanges d’expériences ont lieu très régulièrement sur de multiples sujets. Lors des périodes de révision ou lors de pannes, nous essayons tant que faire se peut de nous soutenir mutuellement.

Quelles sont les fausses idées ou croyances?

SC: Que Satom veut tout brûler! La mise en place de GastroVert est bien un exemple concret que l’entreprise soutient le recyclage et la valorisation des matières sous toutes ses formes. Seules celles qui ne peuvent pas être valorisées ailleurs doivent être valorisées thermiquement dans nos fours.

DB: L’idée que Satom manque de déchets! Contrairement à ce que certains élus pensent ou aimeraient entendre, les capacités de traitement de nos différentes usines sont presque entièrement saturées. En cause, notamment, l’augmentation démographique rapide de toute la région, l’assainissement accéléré du parc immobilier, mais surtout les mauvaises habitudes de consommation pour des objets bon marché et peu durables, sans oublier le mauvais tri ou la facilité de tout jeter sans discernement.

«Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers et attendre. Les exigences réglementaires de même que les attentes politiques et sociétales s’élèvent chaque année. Pendant ce temps, les risques augmentent (par ex. avec ces misérables batteries au lithium dont certains n’ont toujours pas compris l’importance du tri) et nos installations prennent de l’âge. La concrétisation des projets prend malheureusement de plus en plus de temps pour différentes raisons alors que les ressources d’ingénierie spécialisées sont presque partout saturées, limitées ou même manquantes.»

Daniel Baillifard
Directeur général

Vous avez de nombreux projets. Disposez-vous de suffisamment de personnel pour les réaliser?

DB: Nous avons passablement engagé de collaboratrices et collaborateurs ces dernières années pour nous renforcer, cependant quelques postes restent encore à compléter. C’est une préoccupation constante. Dans le domaine technique, c’est généralement compliqué de trouver des profils spécifiques, mais la thématique des déchets, notre vision et le sens de nos actions touchent beaucoup de monde. La formation et l’intégration des nouvelles personnes dans l’entreprise prend du temps. Se pose aussi la question de l’exploitation 24 heures sur 24. Est-ce que les collaborateurs seront encore d’accord de travailler la nuit ou le week-end dans 10 ans ou 20 ans? Je pars du principe que cela deviendra bien plus compliqué. Nous devons donc anticiper les évolutions sociétales pour poser aujourd’hui déjà les concepts d’automation des installations que nous mettrons en service dans plusieurs années et qui fonctionneront pour les trois prochaines décennies.

SC: Je peux dire que Satom SA est une grande PME, avec plus de cent employés. Nous essayons de rester attractifs. C’est pourquoi nous acceptons les demandes de stage et nous formons des apprentis. Bientôt, nous aurons une équipe supplémentaire pour les installations de Lavacid. Nous avons besoin de compétences très précises en fonction des évolutions technologiques.

DB: Cette dynamique se reflète aussi dans les lignes directrices données par notre Conseil d’administration. Les décisions sur les investissements sont clairement formulées, ce qui nous permet d’aller de l’avant sur les projets.

SC: Et le Conseil d’administration est chanceux d’avoir toute une équipe de Direction motivée et compétente. Elle nous accorde sa confiance et inversement. Sans des dossiers bien ficelés, on ne fonctionne pas.

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